ACTIONS 2024-2025

« Quelle que soit la chose que vous pouvez faire
ou que vous rêvez de faire,
faites-la.
L’audace a du génie, de la puissance et de la magie.
Commencez dès maintenant. »
 
Goethe
Cité in L’expédition écossaise dans l’Himalaya, 1951, W.H. Murray

« Prayer » de Magdalena Korzeniewska

Le mot du Président

Début février se tenait l’assemblée générale du Mouvement Jeune Notariat, ouvrant l’année 2024.

Avant toute chose, le Conseil de direction et moi-même tenons à remercier sincèrement nos partenaires pour leur compréhension et leur soutien continu, financièrement, mais aussi humainement, en particulier cette année :

LSN assurances/groupe DiotSiasi, UNOFI, SEPTEO, MEDIA-IMMO NOTARISQUES, le CABINET ANDRIVEAU, FIDUCIAL, COUTOT-ROEHRIG, FICHORGA, la CAISSE CENTRALE de GARANTIE, la SARF, le CREDIT AGRICOLE et la BANQUE DES TERRITOIRES.

Qu’ils soient assurés que c’est une véritable source d’énergie que de savoir qu’ils sont à nos côtés, les tempêtes étant souvent le moment de compter les véritables compagnons qui restent pour aider à tenir la barre.

Quant à moi, je tiens ici à marquer l’implication constante et dévouée des membres de notre Conseil de direction, malgré la crise que nous traversons depuis le milieu de l’année 2023.

Ce sont les gardiens du temple…leur énergie et leur mobilisation n’ont jamais failli, et pourtant !…

Et pourtant, en 2023, il faut reconnaitre que notre association a particulièrement bien porté son nom de « Mouvement » : action, impermanence, déceptions et euphories, sans arrêter d’avancer.

2023 devait être une année de faiseurs, nous nous y étions engagés lors de nos précédents vœux. Nous avons tenu notre engagement et avons voulu en particulier varier les formats.

Après la conférence sur Métavers et la participation à un colloque passionnant et vibrant sur le droit international s’appuyant sur l’exemple France-Ukraine, plusieurs des projets annoncés ont été concrétisés par le Mouvement avec acharnement.

Nous commencerons la présent programme par un retour sur trois de nos actions les plus marquantes, et vous retrouverez un compte rendu pour chacune de nos actions sur notre site www.mjn.fr :

  • Les premiers Challen’JN
  • Les « Etats Généraux des Relations humaines dans l’Office de demain » à LYON aux côtés du Conseil Régional des Notaires de la Cour d’appel de Lyon
  • Et la « Matinée de la Façon d’Etre » à BLOIS avec la Chambre Interdépartementale des notaires du Val de Loire, que nous allons proposer de développer aux côtés d’autres instances locales.

I- Tomber sept fois, se relever huit fois

En 2023, nous avons aussi essuyé de sérieux revers.

Plus on cherche à partager de lumière, plus on produit d’ombre.

Les deux vont ensemble.

C’est le prix à payer, c’est ainsi.

D’abord, bien que leur déroulement ait été très positif pour les participants, nos 1ers Challen’JN en juin n’ont pas bénéficié du nombre d’inscriptions escomptées. Concurrencé malheureusement par un évènement similaire organisé gratuitement, sans que nous le sachions à l’avance par défaut de concertation, à proximité et à quelques jours d’intervalle du nôtre seulement par l’ancienne équipe qui devait s’en charger chez nous…nos Challenges ont été privés la chance d’une plus grande fréquentation par les membres du notariat local.

Nous demeurons cependant convaincus que le format et le sens de ces challenges, associant réflexion et expérimentation autour d’une valeur positive et constructive, sont pertinents et qu’ils mériteraient d’être renouvelés dans d’autres conditions.

Ensuite, par délibération du 8 septembre 2023, notre Conseil de direction réuni en urgence a dû prendre la décision difficile d’interrompre la préparation du congrès prévu à BRUXELLES du 8 au 11 octobre suivants.

Contre toute attente, vous le savez, la conjoncture économique et en particulier la crise immobilière qui s’est accentuée à la rentrée 2023, a dissuadé les notaires de s’inscrire à notre congrès, nécessitant qu’ils se concentrent sur leur activité professionnelle au détriment de nombreux évènements de la profession, et notamment le congrès du Mouvement Jeune Notariat.

Ce fut aussi désolant qu’inattendu.

La concomitance d’une quadruple crise de la construction, du marché immobilier, du marché locatif et du crédit a provoqué une crise du logement d’une particulière gravité, laquelle crise touche tous les intervenants du cycle de l’immobilier, et donc, aussi, le notariat, l’un de ses acteurs majeurs.

Ainsi, malgré tous nos efforts pour promouvoir cet évènement, malgré toutes nos actions de communication, trop peu de personnes nous ont adressé leurs bulletins d’inscription et malgré les enjeux, nous avons dû nous résoudre à annuler notre congrès.

Pour ne pas gâcher le travail mené par l’équipe de congrès, et parce que le sujet est d’une grande actualité, nous prévoyons de le transformer en conférence.

Nous sommes conscients que d’autres événements de la profession subissent malheureusement également cette démobilisation.

Face à cet état de fait, nous avons cherché de nouveaux axes et moyens d’action et veillé à réduire les dépenses du Mouvement en rationnaliser ses coûts.

A ce titre, par exemple, le contrat de services administratifs avec la société E-SENS mis en place pour compenser le départ à la retraite en 2022 de la secrétaire du Mouvement, Marie-Hélène FREMONT, n’a pas été reconduit en octobre.

C’est l’un de nos membres qui va s’en charger désormais, bénévolement : Régine VIDAL devient Secrétaire générale du Mouvement et nous sommes certains qu’elle portera son mandat avec sérieux, efficacité et brio.

II- Rappel du positionnement du Mouvement Jeune au sein du notariat

L’annonce de l’annulation de notre congrès a été l’occasion de rappeler le positionnement du mouvement jeune notariat dans la constellation notariale.

Au sein du notariat, le Mouvement Jeune Notariat est un organisme unique et original.

C’est un mouvement ancien, créé il y a 65 ans, et bien implanté dans le paysage notarial.

Non ordinal, non syndical, purement bénévole, le Mouvement Jeune Notariat est animé par des membres du notariat pour les autres membres du notariat : notaires, collaborateurs, étudiants, permanents, sans limite d’âge si ce n’est celui de l’état d’esprit.

Le Mouvement poursuit un idéal, celui d’un beau notariat : celui des professionnels du droit humanistes.

Il a pour objectif fondamental de servir la profession et de contribuer à lui permettre d’être utile à la société.

Par quels moyens ?

Notre mouvement a été fondé sur l’idée que les relations entre les hommes doivent être réglés selon la loi de l’amour du prochain et non selon la loi du plus fort.

N’est-ce pas la quintessence de la mission notariale ?

N’est-ce pas la vertu du système de droit écrit, de la culture du droit dit « Continental » ?

Ces temps-ci nous articulons donc tout particulièrement les évènements de notre Mouvement autour du « Lien ».

Ce n’est pas une lubie.

Ce n’est ni par irénisme, ni par facilité, effet de mode ou goût du New Age, mais bien parce que c’est INDISPENSABLE aujourd’hui.

Il s’agit vraiment d’un enjeu majeur et immédiat, car nous voyons bien le poison essayer de s’infuser subrepticement dans le sein de notre profession, nous l’avions évoqué dans le discours d’ouverture du congrès de Florence en 2021, au sortir des confinements et de la crise sanitaire :


« Quelle période traversons-nous !

Nous vivons un moment majeur pour l’humanité.

Sentez-vous cette électricité dans l’air ?

Ces luttes de valeurs ?

Ces disputes de directions ?

…2021, Florence.

Je l’ai confié à certains d’entre vous : à mon sens, le déroulement de notre congrès à Florence reporté par la force des choses à cette année particulière, ne doit plus être regardé comme un hasard.

Cette rencontre du moment et de l’endroit me marque d’abord parce que 2021 est l’année célébrant les 700 ans de la mort du gigantesque Dante ALIGHIERI.

Il y a très longtemps que j’ai lu la Divine Comédie, cela remonte à cette tranche de vie – la fin de l’adolescence – où l’âme, sensible à l’extrême, vit un genre de combat individuel, profond et intime…

Or, cette œuvre fait un étrange et vibrant écho, me semble-t-il, par sa description originale d’un cœur de l’enfer glacial et silencieux, à la déshumanisation latente qui plane au-dessus de nous ; et, coincé au milieu du Cocyte gelé, son Lucifer aux trois visages nous rappelle les maux qui menacent de tous temps nos relations fraternelles : la colère, l’ignorance et l’impuissance. »

Extrait du discours d’ouverture du congrès de Florence, Alexandre Hardy – 2021

Créer du lien…

Il faut du lien entre les membres de la profession, et entre le notariat et nos concitoyens auxquels, car, n’en perdons pas conscience, nous fournissons le service public de l’authenticité, contribuant à la paix sociale en assurant un exercice apaisé et déjudiciarisé du Droit.

Actualisons ce qu’écrivait en 1957 le fondateur de notre Mouvement, Louis REILLIER, les chiffres ont évolué mais le sens du message est d’autant plus persistant : le notariat français c’est aujourd’hui 8000 boutiques alors qu’il devrait tendre à être organisé comme une société à succursales multiples.

Nous devons nous rappeler que le notariat est une famille composée de membres se complétant, même s’ils sont différents, unis par un ADN commun, le sens d’une mission commune et partagée, dont seul le travail d’équipe permet d’assurer la cohérence, la force et le rayonnement que tant d’autres professions nous envient.

Concrètement :

1°) des actions de terrain utiles

N’oublions pas que le statut de notaire salarié, les rencontres de la porte Maillot, l’Université du notariat, le forum de l’installation, le guide du Jeune notaire, la Qualité, le Zéro papier et même le jogging des Notaires, sont issus du travail du Mouvement Jeune Notariat qui les a ébauchés au service et pour le bien du notariat tout entier.

Des actions nées du terrain, pour le terrain.

2°) les fruits d’un travail intellectuel précieux partagés

Rappelons le travail considérable de réflexion, de composition, de proposition et de tissage de relations avec le monde universitaire et les notariats du monde, au service de la profession notariale avec plus de 50 congrès organisés à travers la planète sur les thématiques les plus utiles et variées comme la solitude du notaire, les conflits successoraux et la médiation, le zéro papier, la connaissance, l’eau (patrimoine des nations), la philanthropie, les respect de la vie privée, le consommateur, l’acte authentique, le notaire citoyen[1], etc…, et l’intervention d’universitaires de renom comme les professeurs Sophie SCHILLER, Georges KHAIRALLAH, Yvonne FLOUR, Soraya AMRANI-MEKKI et Mustapha MEKKI, Raymond LE GUIDEC, Philippe SIMLER, Jean AULAGNIER, pour citer les congrès les plus récents…

Ce travail fondamental a d’ailleurs été rappelé récemment au cours du colloque « Créativité notariale & doctorat en droit » organisé le CSN et l’AFDD, sous la direction d’Alex TANI et François LETELLIER.

Nos rapports sont en ligne sur notre site[2] et sont régulièrement consultés par des étudiants en thèse.

Soyons clairs, si c’était nécessaire : le Mouvement Jeune Notariat n’est pas concurrent ni équivalent aux instances de la profession ; ce n’est ni sa vocation, ni son ambition.

Il les complète.

Quel est son positionnement ?

Le fondateur du Mouvement, Louis REILLIER, rappelait à sa création, à quelques années d’écart de celle du Conseil Supérieur du Notariat, sans ambiguïté :

« Le Mouvement Jeune Notariat n’aura jamais la prétention de diriger, ni même co-diriger la profession ; sa seule mission sera toujours de servir. Servir la profession, c’est d’abord lui permettre d’être utile à la société. N’acceptons de défendre des situations que si elles méritent de l’être. »

Le Mouvement Jeune Notariat est le grand frère des membres du notariat, quand les instances en seraient des figures parentales.

Entre nous, donc, la parole de tous – notaires, collaborateurs, étudiants et permanents – est libre.

Entre nous, nous alimentons un partage franc, respectueux et sincère pour constituer un notariat humain, car seul un notariat humain a du sens.

Nous avons tous des idées pour améliorer notre profession, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Chez nous, on peut les exprimer.

Les associations sont la meilleure fabrique de lien social et contribuent à une société plus soudée, or en ces temps troublés où quelques ombres nous guettent tentant de nous effrayer, de nous frustrer, de nous isoler les uns des autres, de refermer nos esprits et d’éteindre nos regards – respect, union et partage ne sont pas de vaines valeurs.

Nous restons donc déterminés à préserver et exprimer la raison d’être du Mouvement Jeune Notariat, son sens et son utilité pour notre profession, même si cela signifie concrétiser nos objectifs de manière différente et agir à travers une organisation différente, plus intégrée à l’écosystème notarial actuel.

III-  2024 sera l’année de l’action collective : E pluribus unum !

Pour 2024 et la suite, nous envisageons d’organiser nos actions autour des axes suivants :

1°) Multiplier les actions aux côtés des instances locales et plus proche de nos concitoyens (conférences, duplicata de nos états généraux, de la matinée façon d’être, du forum de l’après installation pour les nouveaux notaires…)

2°) Aller à la rencontre des étudiants du notariat : concours « intellectuel », bulletin d’adhésion adressé aux étudiants lors de leur inscription en formation avec tarif réduit, proposition de rencontres étudiants / notaires et collaborateurs pour échanger sur le métier de manière concrète, mises en situation des étudiants aux côtés de notaires.

3°) Être un relais pour les notaires nouvellement installés (associés ou créateurs) : nous avançons sur le forum de l’Après-Installation qui aura lieu à Paris et qui vise à permettre un échange entre notaires récents et plus anciens afin de partager de l’expérience. Ce forum sera aussi l’occasion pour les instances d’attirer l’attention sur les bons réflexes prudentiels et déontologiques, mais aussi d’évoquer des pistes de développement ou de consolidation en cette période de crise.

Ces actions seront plus modestes que la préparation d’un congrès, mais elles seront plus nombreuses et de terrain, plus proche des Offices.

Malgré les nombreux encouragements que nous avons reçus, la situation économique générale ne nous permet pas de mettre en place un nouveau congrès pour l’instant, nous attendrons des jours meilleurs pour cela.

Le format congres attendra une période plus propice, nous espérons 2026, et suivra un nouveau modèle économique que nous devons mettre au point.

Nous y sommes extrêmement attachés, et le thème ainsi que le lieu sont déjà envisagés.

Dans l’immédiat, bien que plus modestes, ces nouveaux projets seront dynamiques et, nous l’espérons, donneront envie de se mobiliser et aideront à parcourir la voix encombrée d’épines qui se dessine devant nous.

Des contacts ont été noués afin de diversifier nos actions dans les prochains mois et rendre notre Mouvement plus visible, travaillant sur la synergie avec les autres acteurs de la profession notariale. Vous le constaterez en parcourant la présente feuille de route, nous travaillons à l’organisation d’actions communes avec NOTAIRES AU FEMININ.COM, l’UNOFI, LAB NOTAIRE, LSN ou la BANQUE DES TERRITOIRES, mais aussi avec les instances locales, œuvrant tous ensemble dans la même direction.

IV-  Nous avons besoin de réenchanter le monde…

2023 devait être une année de faiseurs, de créateurs, nous nous y étions engagés.

Nous y avons mis toute notre énergie, sans fixer nos pensées sur un avenir inconnu mais au contraire en focalisant sur nos buts, sur nos projets, sur les valeurs qui nous portent et justifient l’existence de notre Mouvement.

Nous nous sommes efforcés de prouver par des actions concrètes que le Mouvement Jeune Notariat est bien une pensée en mouvement et que malgré la période complexe et rude que nous traversons tous depuis 3 ans, il n’est pas moribond mais au contraire, plus utile que jamais.

Les projets pour 2023 étaient nombreux, le programme ambitieux mais avec un fil conducteur précieux, celui de l’entretien du lien qui existe entre les membres de l’écosystème notarial.

Cependant, depuis le milieu de l’année 2023, nous entendons bien le notariat sur le terrain : le contexte économique a des effets directs dans la vie de tous, et à nouveau, les associations sont en première ligne…

La conjoncture économique, en particulier dans le domaine immobilier, retient nombre d’entre nous dans les offices et rend difficile la participation à des évènements coûteux et lointains.

Il y a en ce moment d’autres priorités dans nos Offices.

Il faut dire qu’au sortir de la crise des gilets jaunes, d’une loi Croissance débridée, de la crise sanitaire, et pris dans l’inflation et les crises géopolitiques et économiques qui se superposent et s’alimentent entre elles, la tentation de laisser monter l’individualisme et le protectionnisme est inévitable.

Est-ce pour autant l’heure de la démobilisation ?

Certainement pas.

Surtout pas maintenant.

C’est justement dans ce genre de contextes, lorsque l’individualisme des uns monte, lorsque la solitude des autres se fait lourde, lorsque la flamme vacille, que le Mouvement Jeune Notariat affirme tout son sens et, face à nous tous, voyez comme la vague est en train d’enfler : le notariat sera-t-il château de sable ou solide rempart ?

La confraternité c’est la force, c’est le feu, de notre profession.

Le lien humain et le sens du service sont les valeurs du Mouvement Jeune Notariat.

Cependant, le Mouvement Jeune Notariat n’est pas immortel.

Le Mouvement Jeune Notariat c’est un Idéal, un idéal essentiel, mais il ne vit que si on le porte, si on s’y investit, si on le soutient et si on l’anime.

On ne peut pas toujours penser, sans conséquence : « j’irai la prochaine fois… »

Pris isolément, bien entendu, c’est anodin, mais vous savez que le coup d’aile d’un papillon provoque parfois un ouragan de l’autre côté de la planète.

Chacun doit continuer à faire sa part, pour le bien de tous, et il y a de nombreux moyens de servir la profession et contribuer à son essor : participer aux instances, assurer l’enseignement, animer les réunions d’arrondissement, s’investir dans les mouvements volontaires.

Le Mouvement Jeune Notariat en est un bel et passionnant moyen, qui est inscrit dans le paysage notarial depuis longtemps.

Nous avons vraiment besoin de réenchanter le monde.

Faisons-le.

Ensemble.

Ne baissons pas les bras.

Alexandre HARDY

Président du Mouvement Jeune Notariat


[1] versus le « cybernotaire » dès notre congrès en 2001 !

[2] https://www.mjn.fr/index.php/publications/rapports-de-nos-congres/